Avez-vous dû restructurer votre chaîne de production pour minimiser les risques de contagion ou fournir des équipements de protection individuelle (EPI) à vos employés ?
Sur nos lignes de production au Danemark, où se fait toute la fabrication de nos robots, nous sommes passés d'un fonctionnement en une à deux équipes pour répartir physiquement nos effectifs. Nous respectons la distance recommandée de deux mètres (six pieds) entre les employés et avons ajouté des stations d'assainissement des mains pratiquement partout. Tous les membres du personnel portent également des gants sur les chaînes de production. À ce stade, le port de masques ne fait pas partie des recommandations officielles au Danemark mais si cela s'avérait nécessaire, nous en avons prêts à être distribués. Notre organisation en deux équipes postées par jour signifie également moins de personnes à la cafétéria en même temps. Au siège, nous demandons au personnel de production de faire des pauses en petits groupes, tous les repas sont préparés avec des couverts jetables et le buffet est supprimé pour éviter la contamination croisée. Pour souligner la distanciation sociale pendant les pauses, nous avons également retiré la moitié des chaises de la cafétéria.
Comment communiquez-vous les changements de production nécessaires à votre personnel et comment le prennent-ils ?
Nous avons eu une réaction extraordinaire de la part de nos collaborateurs. Tous se sont sentis dans le même bateau. Ils ont été incroyablement serviables. Ils veulent tous que notre entreprise s'en sorte. De nombreux ajustements de la production sont venus directement d’eux, en nous suggérant des manières plus efficaces d’effectuer une tâche, de nettoyer un article, des nouvelles façons de respecter les règlements, etc.
Le passage à un fonctionnement en deux équipes s'est déroulé très facilement. Beaucoup de nos collaborateurs, qui ont maintenant leurs enfants à la maison la journée, ont accueilli favorablement le travail de nuit, afin de pouvoir passer une plus grande partie de leur temps avec leurs enfants.
Faites-vous plus confiance à l'automatisation qu'auparavant ?
Nous appliquons nos propres remèdes, pour ainsi dire. Sur notre chaîne de montage, nous avons des cobots Universal Robots qui assemblent d’autres cobots UR. Dans une période comme celle-ci, nous examinons bien sûr de près chaque tâche de production pour voir où nous pouvons soulager les employés et demander aux cobots de prendre en charge encore plus de tâches, en ajoutant encore plus d'automatisation sur la chaîne. C'est un processus continu qui a été accéléré par la pandémie. Je pense que beaucoup de nos clients connaissent actuellement la même évolution car ils commencent à réaliser que les cobots peuvent contribuer à libérer du personnel.
L'ajout de cobots à une chaîne de production a longtemps aidé de nombreux clients d'Universal Robots à remédier aux problèmes de pénurie de main-d'œuvre, essentiellement en répartissant les employés et en les faisant collaborer avec des cobots comme ici à SHAD en Espagne où les cobots travaillent en tandem avec les opérateurs dans l'assemblage des accessoires de motos.
Comment vous assurez-vous que vos produits arrivent à temps chez le client final ?
Avant la fermeture des frontières, nous avons commencé à expédier notre stock de produits finis vers des entrepôts aux États-Unis, en Malaisie, en Chine et aux Pays-Bas car nous avions anticipé que la fermeture aurait également des répercussions sur le fret. Heureusement, cela s’est produit à moindre mesure (nous imaginions plus de perturbations) mais il y a tout de même eu quelques maux de tête logistiques en raison de l'annulation de vols. Par exemple, nous avons récemment eu une grosse commande sur un vol au départ de Copenhague qui a été annulé. Nous l'avons transportée à Stockholm en camion et avons ainsi pu l’expédier sur un autre vol. Il y a des problèmes de ce genre que nous devons constamment résoudre mais jusqu'à présent, nous n'avons pas eu de retard dans l'acheminement des robots aux clients.
À notre siège, au Danemark, nous conservons les robots dans deux entrepôts différents, de sorte qu'en cas d'épidémie de coronavirus dans un entrepôt, nous puissions expédier des cobots à partir de l'autre. Heureusement, cela n'a pas encore été le cas.
Comment pensez-vous que cette crise va façonner votre entreprise à l'avenir ? Quels sont les enseignements à en tirer ?
Je pense que l'une des grandes leçons à tirer est l'importance de la double source d'approvisionnement de sa chaîne d'approvisionnement. Aussi, il est très important de rester en contact très étroit avec chaque fournisseur. Je ne saurais jamais trop insister sur ce point. Nous avons une prévision de disponibilité pour chaque numéro de pièce. Nous connaissons nos points faibles et nous nous assurons qu'il existe toujours des plans de secours pour les sécuriser.
La façon dont vous gérez votre entreprise va-t-elle aussi changer à long terme ?
Je pense que nous en sortirons changés à jamais. Le bon côté des choses, c'est que cela a suscité une étonnante capacité d'adaptation de la production et une attention accrue pour garantir un environnement de travail sain. Nos nouvelles stations d'assainissement resteront à leur emplacement, même lorsque le virus se sera dissipé.
D'un autre côté, je suis triste de constater que les relations humaines ne redeviendront probablement pas ce qu’elles étaient avant. La poignée de main, l'étreinte amicale… Je ne sais pas quand tout redeviendra à la normal et cela m'attriste. Vivement le jour où tout sera de nouveau possible.