« Les valeurs humaines passent avant tout », Kim Povlsen - Président d’Universal Robots

A son arrivée il y a un an au poste de président d’Universal Robots, Kim Povlsen nourrissait de grandes ambitions pour le pionnier de la cobotique. Résultat ? Entre mars 2021 et mars 2022, l’entreprise est passée d’environ 600 employés à plus de 800, tout en enregistrant - malgré la pandémie - un chiffre d’affaires annuel record. Nous avons rencontré Kim pour revenir en détail sur sa première année à la tête d’Universal Robots.

Au siège d’Universal Robots à Odense, les changements ne se sont pas fait attendre suite à la prise de fonction de Kim Povlsen. Après avoir rapidement changé de marque de café, qualifié de «pas génial du tout», le néo-président s’est avant tout fixé comme objectif la restructuration de son entreprise, passée de startup pionnière de la cobotique à entreprise leader de son secteur à forte croissance. «Cet esprit pionnier est toujours intact, mais en tant qu’entreprise internationale en pleine croissance, nous devons introduire un peu plus de méthode et de procédures. Il a été important de définir une stratégie, dès le début, et ce n’est jamais sans difficultés. Avant mon arrivée, il n’y avait pas de stratèges en tant que tels employés chez Universal Robots. Par conséquent, l’une des premières choses que j’ai faites a été de présenter une ligne directrice et de parler des mesures que nous devions prendre».

Au cours de cette première année, son principal objectif a aussi été de responsabiliser les employés et de lever les freins dans le parcours client vers l’automatisation.

«Lorsque j’ai commencé chez Universal Robots, il devenait indispensable de redéfinir la vision et le cœur de notre activité afin de clarifier ce que nous voulions réaliser avec nos cobots. Au cours de ce processus, nous avons adopté le mantra suivant : créer un monde où les personnes travaillent avec les robots et non comme des robots », explique Kim Povlsen.

Pour son président, Universal Robots devait également s’éloigner de la bureaucratie et des contraignants processus de prise de décision. Il apparaissait nécessaire d’établir un nouveau cadre, où la distance avec les clients était moindre et la vision commune plus claire.

«Les changements peuvent être difficiles à accepter en interne. Lorsqu’on bouscule les lignes, certains apprécient la nouvelle direction et d’autres ont plus de mal à s’y adapter. Mais dans l’ensemble, je dirais que les changements que j’ai insufflés ont bien été accueillis [...] Toutefois, mon expérience passée dans des postes de direction m’a appris qu’il ne faut pas patienter trop longtemps avant de prendre des nouvelles décisions pour le bien de l’entreprise. Car on s’habitue alors à la façon dont les choses fonctionnent avec la direction précédente et on ne peut plus voir les choses aussi clairement», déclare le président d’Universal Robots.

Lorsque vous demandez à Kim Povlsen quelles sont les qualités particulières qu'il a pu apporter à une entreprise qui a déjà connu de nombreuses années de croissance, la réponse est claire.

«Il y a beaucoup de choses pour lesquelles je ne suis pas doué, mais ma qualité première en tant que président, c’est de fixer un cap et de s’y tenir. Au demeurant, je n’ai aucune envie de contrôler et décider à tous les étages. Au sein d’une entreprise, il est important de responsabiliser ses salariés. Ces derniers gagnent en autonomie et autodétermination. Pour vous donner un exemple, j’estime que la direction ne doit pas s’immiscer dans les décisions des ingénieurs lorsqu’ils font face à des difficultés pour un client, les ingénieurs savent mieux que quiconque se sortir d’une mauvaise situation. Notre rôle à nous, c’est de les accompagner vers les bonnes problématiques», explique-t-il.

Au cours de sa première année, le président a consacré beaucoup d'énergie à la création d'un cadre permettant aux différentes équipes de recherche & développement de prendre les mesures nécessaires pour créer moins de frictions dans la transition vers l'automatisation. Cela implique, entre autres, de sensibiliser davantage le marché.

«Nous devons expliquer pourquoi notre produit est indispensable pour ceux qui utilisent déjà des cobots et le rendre accessible pour les nouveaux clients prêts à franchir le pas. Il est extrêmement important de se concentrer sur les bonnes tâches, car nos équipes de développement comptent plus de 250 personnes qui doivent travailler ensemble pour créer les meilleures solutions. Raison pour laquelle ils ne doivent pas être impliqués dans des projets pour lesquels ils ne sont pas pleinement qualifiés, et où la seule préoccupation est la prochaine deadline ».

Kim Povlsen sait exactement quelle est sa tâche la plus importante chez Universal Robots : créer un lieu de travail où chaque employé se sent bien. Il insiste en particulier sur le fait que chacun doit recevoir une part du gâteau lorsque l’entreprise enregistre de bons résultats.

«Nous avons introduit une prime afin que chacun soit récompensé pour ses efforts. Cela s’applique que vous soyez vice-président ou à la production. Cela reflète nos valeurs. Mon rêve est qu’Universal Robots devienne une entreprise où les ingénieurs, les spécialistes du marketing, les commerciaux et toutes les autres professions qui composent notre société se sentent à leur place et pleinement investis dans ce projet hors du commun qu’ils façonnent chaque jour. Nous sommes déjà sur la bonne voie pour y parvenir», se réjouit Kim Povlsen.

Il souligne également qu'il embauche avant tout de nouveaux talents en gardant à l'esprit les valeurs de l'entreprise : «les compétences peuvent être enseignées, et bien sûr, nous n'embauchons pas quelqu'un qui ne connaît pas son métier, mais les valeurs doivent correspondre, c'est le plus important. Ces dernières priment sur le reste chez Universal Robots».

L’entreprise leader de la cobotique dans le monde a très peu de secrets pour l’actuel président. Kim Povlsen qui a suivi de près le développement d’Universal Robots lorsqu’il était étudiant. Il compte d’ailleurs des membres de sa famille et des amis proches qui y travaillaient à cette période. «Ils m’ont expliqué à quel point le lieu de travail était passionnant - et parfois un peu chaotique - et j’ai souvent pensé que je devais apporter ma pierre à l’édifice et participer à son évolution», raconte Kim, qui a obtenu son diplôme d’ingénieur en robotique à l’University of Southern Denmark d’Odense, l’année même où Universal Robots a lancé son premier cobot.

C'est un heureux hasard qui a amené Kim à Universal Robots. Peu avant d'être embauché, il s'était vu proposer un autre emploi. «J'étais en fait assis avec le contrat devant moi et j'étais sur le point de signer pour un nouveau travail quand on m'a appelé pour rejoindre Universal Robots. C'était en quelque sorte un rêve qui se réalisait, et en même temps, c’était l'occasion de revenir à la robotique et à Odense, où j'ai grandi».

Kim est persuadé que les efforts déployés au cours de sa première année ont orienté l'entreprise dans la bonne direction. Il souhaite à présent se concentrer davantage sur les intérêts commerciaux et le marketing. «Nous devons redoubler d’efforts pour aider nos clients à relever les défis qu’ils rencontrent et moins sur le fait de dire «regardez, voici un robot cool», déclare le président avec un clin d'œil.

Si vous regardez les comptes annuels récemment publiés, ils témoignent d'un bon départ pour Kim Povlsen. Universal Robots a réalisé un chiffre d'affaires de 311 millions de dollars en 2021. C'est une augmentation de 41% par rapport à l'année précédente - et 23% de plus qu'en 2019, avant que la pandémie ne frappe.